Vivre pour Lui.

25 novembre 2017

Lorsque notre Seigneur Jésus-Christ veut mettre en évidence que le Seigneur n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants, il précise «  en effet, tous vivent pour lui  ». Vivre pour lui  ! Voilà une belle expression de ce qu’est la vie du chrétien appelé à la sainteté. C’est le témoignage même de la vie des bienheureux et des saints que nous donne l’Eglise en exemple.

Je voudrais, dans les mois à venir, vous parler et vous faire découvrir des personnes qui ont compté et comptent dans ma vie de chrétien et dans ma vocation de prêtre. Il s’agit des 32 bienheureuses martyres d’Orange. Dans leurs vies de femmes, de chrétiennes, de religieuses, que ce soit en famille, au couvent, en prison et même jusqu’au martyre, elles ont vécu pour Dieu, vivantes pour Lui.

Toutes ces femmes sont nées et ont vécu dans une société où la foi chrétienne marque et rythme la vie quotidienne, familiale, culturelle et sociale. Ces femmes, issues de la noblesse, de la bourgeoisie ou du peuple, ont vécu la foi chrétienne sereinement dans leur famille et la société. Baptisées, elles ont reçu l’éducation humaine et chrétienne de n’importe quelle autre personne de leur temps. C’est cela qui les a conduit à vouloir consacrer leur vie à Dieu, à choisir, par amour, de vivre tout à Lui.

Et cependant, contre toute attente, en cette fin du XVIII°s survient la Révolution française qui bouleverse tout. En quelques années, de 1789 à 1793, les vœux religieux sont suspendus puis interdits, les religieux expulsés de leurs maisons et l’habit religieux interdit. La paroxysme de cette persécution est entre octobre 1793 et août 1794 : «  tous les signes religieux doivent être éliminés  ». Bien de nos églises, notre patrimoine même, gardent la marque de ces persécutions. Avec la loi sur les suspects de 1793, il suffit, finalement, d’être ou d’avoir été religieux pour être suspect.

Entre le 19 juin et le 26 juillet 1794, la Commission populaire d’Orange, envoie à l’échafaud 332 personnes, dont ces 32 religieuses béatifiées le 10 mai 1925. La plus jeune d’entre-elles était entrée au monastère du Saint-Sacrement de Bollène en 1788. Elle avait 18 ans. Pouvait-elle imaginer, à ce moment-là, que vivre pour Dieu, impliquerait d’aller jusqu’au martyr  ? Ces religieuses venaient de différentes congrégations et communautés : 1 bénédictine de l’abbaye de Caderousse, 2 cisterciens de l’abbaye d’Avignon, 13 sacramentines du Monastère de Bollène, 16 ursulines des couvents de Bollène, Carpentras, Pont-Saint-Esprit et Sisteron.

La manière qu’elles ont eu de vivre ces événements est un véritable témoignage et un encouragement pour nous. Alors que tout semblait s’effondrer autour d’elles, face à la violence, à l’intolérance, au fanatisme, elles ont su continuer à vivre pour Dieu, avec joie, constance et amour.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades