Alors que l’on présentait des enfants au Seigneur Jésus pour qu’il les bénisse, les disciples les écartèrent vivement. Qu’avaient-ils fait de mal  ? Il n’y avait rien de mauvais à présenter ces enfants, et ceux-ci ne semblaient rien faire de mal non-plus. Le problème venait des disciples. Ils s’imaginaient sans doute que le Seigneur Jésus avait des choses plus importantes à faire, des affaires plus sérieuses à traiter. Ils se sont fait une idée de la mission du Seigneur Jésus, ils se sont posés en maîtres et en juges, et prétendent écarter tout ce qui s’éloignerait de cette idée.

Cependant, le Seigneur Jésus réagit : «  laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent  »  ! Le Seigneur ne nous dit pas que nous devons avoir une attitude puérile, qui serait crédule ou irresponsable. Mais le Seigneur nous indique aussi que nous ne devons pas avoir une attitude suffisante et rassasiée de certitudes. Il s’agit de ressembler aux petits enfants, qui précisément se présentent avec confiance, prêts à recevoir le don de Dieu, sans a priori, sans idée préconçue ou toute faite. Entrer en possession du royaume des cieux ne dépend ni de nos forces, physiques ou intellectuelles, ni de nos moyens matériels, ni de notre supposée maturité ou supériorité intellectuelle. Les vertus spirituelles ne se mesurent pas selon un modèle adulte en pleine possession de ses moyens, mais selon une capacité à faire confiance, une inclination à se laisser conduire, une disposition à chercher, à écouter, à comprendre.

Lorsque le Seigneur leur dit : «  ne le empêchez pas  », ce n’est pas simplement une injonction par rapport à ces enfants qu’on lui présente, mais plus largement une mise en garde vis-à-vis de tous «  ceux qui leur ressemblent  ». C’est un risque pour chacun d’entre-nous de nous enfermer dans nos conceptions et nos idées reçues et de confondre nos certitudes avec la foi. C’est un risque, par suite, d’en faire des moyens pour empêcher les petits enfants et tous ceux qui leur ressemblent de venir au Seigneur Jésus, pour le connaître et l’aimer.

abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades