Miracle ou pas ?

25 mars 2017

En parcourant les évangiles, nous ne pouvons pas passer à côté des miracles de Notre Seigneur. Chacun lit et entend cela à sa façon. Certains vont y trouver une explication rationnelle, symbolique : c’est une façon de parler... de toute façon, ce n’est pas possible. Affaire réglée  ! D’autres vont interpréter les évangiles de manière magique : Jésus serait finalement un prestidigitateur, un magicien, un sorcier. Il n’y a pas d’explication, parce que c’est inexplicable. Affaire réglée. Et il y a aussi ceux qui n’auront prêté aucune attention à ces récits, comme s’ils avaient lu les petites annonces dans le journal, avec distraction et sans véritable intérêt. Affaire réglée. Dans tous les cas, on cherche à se rassurer.

Pensez-vous que les apôtres aient été des idiots  ? Auraient-ils été assez bêtes pour n’avoir pas vu les miracles du Seigneur Jésus  ? Quand ils ont été témoins de ces miracles, en fait, qu’ont-ils vraiment vu  ? Qu’ont-ils compris  ? Nous lisons et comprenons les Evangiles comme s’il s’agissait de chroniques, de reportages de journalistes, ou d’historiens. Certes, les apôtres ont vu, mais ce qu’ils ont vu sur le moment n’était pas spectaculaire. Cela n’aurait intéressé aucun journal. Ce n’était pas de la magie, ce n’était pas du spectacle. Et cependant, ce qu’ils rapportent, ce sont des miracles, qui ont changé la vie de ceux qui en ont été témoins. Ces discours, ces récits ne sont pas symboliques.

Entre le moment où ces événements se sont produits, et le récit qu’en ont fait les disciples, il y eu la résurrection, cette résurrection dont ils n’avaient pas compris le sens, cette résurrection qu’ils n’espéraient ni n’attendaient. Et là, tout a changé. Leurs souvenirs ont refait surface, les événements se sont dévoilés sous un jour nouveau et ont pris un sens nouveau, ou plutôt ont pris leur véritable sens. Ils n’ont rien inventé, mais ils ont compris. Ils ont enfin compris ce qu’ils ne pouvaient pas comprendre, aveuglés qu’ils étaient, empêchés de voir et de comprendre, par leur souci de se rassurer, de trouver des explications à leur mesure. Ainsi que le dit Saint Luc, dans l’introduction de son Evangile, après avoir été témoins oculaires, ils ont été serviteurs de la Parole, c’est-à-dire qu’ils ont eu la foi. Pour les rationalistes ou les crédules, il suffit de croire... que c’est faux ou que c’est vrai. Pour le chrétien, le disciple du Christ, il faut avoir la foi, c’est-à-dire être témoin oculaire et serviteur de la Parole. C’est un cheminement.

 Lorsque nous lisons ou écoutons la Sainte-Ecriture, nous avons tendance soit à vouloir le faire exclusivement avec notre intelligence, ou plutôt notre «  rationalité  », ou à l’inverse, exclusivement avec notre cœur, donc notre affectivité ou notre sensibilité. Or la Sainte-Ecriture n’est pas un texte qui s’adresserait exclusivement à notre intelligence ou exclusivement à notre affectivité  ; la Sainte-Ecriture est une Parole qui cherche à toucher notre cœur et notre intelligence.

A travers les récits et les témoignages de la Sainte-Ecriture, Dieu, par sa Parole, veut nous conduire dans la foi, affermir notre espérance et enflammer notre charité. Nous devons nous laisser surprendre, interroger, toucher par la Parole de Dieu. Trop souvent, nous ne cherchons dans la Sainte-Ecriture que des explications, des définitions ou des réponses, là où ne devrions chercher que le regard d’amour de Dieu.

Les miracles du Seigneur ne sont pas symboliques, mais ils ne sont pas non plus des tours de magie. C’est parce qu’ils touchent le cœur, qu’ils peuvent changer les corps et transformer la vie.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades