Prière

19 juin 2021

Un simple mot, tellement familier, et riche de tant de significations. A sa seule évocation, chacun se fait une idée : des paroles prononcées, une formule de prière, une attitude, un geste, un lieu, une demande... Chaque représentation ou image dit quelque chose de la prière, sans dire tout ce qu’elle est. Nous voyons ou envisageons souvent, en premier, les moyens que nous pouvons prendre pour prier, finalement ce qui est le plus visible, le plus évident, comme la partie émergée de l’iceberg ! Pour comprendre la prière, il ne faut pas seulement en voir les aspects les plus visibles, mais ce qui en est la source, et ce qui en est la finalité et ce qui fait et constitue la prière, la distinguant de toute autre réalité. Il serait dommage de nous priver de la richesse de la prière en nous limitant à des aspects partiels de celle-ci.

Ce qui nous conduit à prier, c’est la connaissance et l’expérience de Dieu comme personne, qui nous manifeste son amour pour chacun d’entre-nous. La prière naît comme une réponse à la connaissance de l’amour personnel de Dieu. Par suite, la prière est le moyen de nommer et désigner cette relation entre Dieu et la personne. Si la prière ne s’enracine pas en cela, nos mots, les moyens que nous prendrons n’auront que l’apparence de la prière.

C’est pour cela que la prière, avant tout, est un acte de connaissance de l’intelligence, et indissociablement, un acte d’amour du cœur, un acte de l’âme. Nous comprenons alors combien le silence peut avoir une place importante et essentielle dans la prière. En apparence, nous ne faisons rien, et cependant notre cœur et notre intelligence, notre âme prie ! .Si ce sont que notre corps et nos lèvres qui prient, il manque le cœur de la prière, et les mots risquent d’être vides, et nos attitudes superficielles.

Le but, la finalité de la prière est d’être uni à Dieu : un cœur à cœur, une communion, une amitié. Nous faisons l’expérience de cela, d’une certaine manière, dans nos relations d’amitié. Nos relations ne se limitent pas à ce que nous faisons ou à ce que nous disons, mais ce que nous faisons ou ce que nous disons contribue à nourrir, faire vivre et affermir cette amitié. Sans ce but, sans cette finalité, nos prières sont vaines et sans objet.

Aussi, c’est tout cela qui va déterminer le choix des moyens à prendre pour prier vraiement. Bien sûr les moyens que nous prennons sont importants, mais ils n’ont de valeur que dans la mesure où ils sont une réponse à l’amour de Dieu, qu’ils sont un acte du cœur et de l’intelligence et qu’ils ont pour finalité de nous unir à Dieu. Ces moyens sont importants, parce que nous sommes humains, et que nous avons besoin de ces paroles, de ces gestes, de ces attitudes, de ces moment et rendez-vous pris dans notre journée.

De ce point de vue, les formules de prière écrites par les saints, transmises par la Tradition ou puisées dans la Parole de Dieu (comme les psaumes), ne sont pas de simples formules à répéter, mais une façon de conduire, guider et enseigner nos cœurs et nos intelligences.

C’est ainsi que nous pouvons comprendre les paroles du Seigneur qui nous dit : « priez sans cesse ». Il ne s’agit pas seulement de « dire » des prières en permanence, mais de prendre les moyens de répondre à l’amour de Dieu par toute notre vie, en paroles et en actes. Tout ce que nous faisons, tout ce que nous disons peut alors être une prière. Si nous limitons la prière aux paroles que nous disons,

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades