Ils se rendirent compte qu’ils étaient nus.

15 février 2021

Dans le récit de la Genèse, après avoir cédé à la tentation du serpent, et avoir péché, le texte nous indique que « leurs yeux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus », pire encore, en entendant les pas du Seigneur dans le jardin, après s’être couverts de pagnes, ils se cachèrent.

La conséquence du péché originel est là, ce n’est pas la nudité, mais la peur ! Ce qui était simple et évident auparavant, ne l’est plus désormais. Non seulement ils couvrent leur nudité dont ils ont honte, en outre, ils se cachent l’un à l’autre, mais encore, ils se cachent aux yeux de Dieu parce qu’ils ont peur. La peur, en touchant notre cœur, déforme notre regard sur nous-mêmes, sur les autres et le monde, sur Dieu.

La première peur est celle de chacun qui ne comprend plus celui qu’il est, dans sa fragilité et sa pauvreté, comme dans ses forces et ses richesses, parfois jusqu’à confondre les unes et les autres. Alors chacun risque de se cacher à lui-même. Il y a bien des façons de nous cacher à nous-mêmes ce que nous sommes : honte, manque de confiance, vanité et orgueil, mensonge... Tout cela, par la peur, en cachant voire en ignorant ce que nous sommes, blesse le regard que nous avons sur nous-mêmes.

En outre, en nous cachant aux yeux des autres, y compris ceux en qui nous pourrions avoir le plus confiance, nous blessons nos relations, notre capacité d’aimer et d’être aimé, et nous rendons notre quotidien plus éprouvant, parce que nous avons peur. Nous nous interdisons d’entrer dans la simplicité d’une relation de confiance, d’amitié, d’intimité.

Enfin, notre péché déforme en nous l’image et ressemblance de Dieu, et plus encore, blesse le regard que nous avons de Dieu. Notre péché nous faire voir en Dieu une menace, un danger, là où nous devrions ne voir qu’une chance, une force, un amour.

Le temps du Carême est une période opportune pour remettre notre vie sous le regard de Dieu, de laisser son regard d’amour et de miséricorde nous libérer et nous guérir, de nous rétablir dans une amitié et intimité avec Lui, et par suite, de guérir nos relations humaines, et notre regard sur les autres et le monde.

 

abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades