Chaque chose à sa place

28 mai 2017

La devise de sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France, que nous allons fêter cette semaine le mardi 30 mai, était «  Messire Dieu, premier servi  !  ». Elle exprime avec bon sens et justesse ce que doit être toute vie, où chaque chose, chaque réalité a sa place.
Ce bon sens, nous l’avons souvent pour des choses de peu d’importance, les choses ordinaires du quotidien : on commence par se laver avant de s’habiller  ; on met quelque chose dans une casserole avant de mettre la casserole sur le feu, on ne met pas directement le liquide sur le feu, pour mettre ensuite la casserole  ; on prend d’abord une feuille pour ensuite écrire dessus  ; on creuse les fondations d’une maison avant d’édifier les murs, et d’y mettre un toit... Nous pourrions multiplier les exemples.

Étrangement, nous perdons parfois ce bon sens pour des choses de plus grande importance qui touchent à notre vie et à notre bonheur. C’est un peu comme si nous voulions mettre un toit avant de construire les murs, et plus encore d’assurer les fondations. Cela est assurément motivé par le fait que nous avons un grand désir de parvenir au but, de réussir, de nous assurer de ce bonheur. Mais précisément, nous prenons alors des raccourcis qui nous égarent, voire nous épuisent. La conséquence en est qu’au lieu d’être maîtres et bénéficiaires de toutes ces entreprises, de tous nos efforts, nous finissons par en devenir esclaves, voire victimes. Nous perdons la place principale dans nos vies, nous en sommes dépossédés.

La première chose, pour ne pas perdre nos vies, c’est de donner à Dieu la première place : Messire Dieu, premier servi  ! Certains pourraient redouter qu’Il prenne alors toute la place  ! Mais comment celui qui nous a créé et confié la création, comment celui qui nous a sauvé en donnant sa propre vie par amour, pourrait-il vouloir tout accaparer  ? Loin s’en faut, mettre Dieu à la première place, c’est comme établir des plans avant d’entreprendre, de creuser des fondations avant de construire les murs, de suivre les plans pour aller jusqu’à l’achèvement. Dieu ne prend pas toute la place, il prend SA place, et ce faisant, il nous laisse la nôtre, il nous l’assure, il la conforte.

Comment laisser à Dieu sa place  ? Évidemment, cela se fait chaque jour, ne serait-ce que par la prière, une prière simple, jaillie d’un cœur qui aime, comme on dit bonjour et on embrasse chaque jour les personnes que l’on aime. On a rien d’autre à leur dire, à leur redire sinon que nous les aimons  ! Et cela suffit à donner à chacun sa place. Puissions-nous avoir la même simplicité dans notre prière, où notre cœur peut s’épancher simplement et avec tendresse dans le cœur de Dieu  ! Cette prière simple peut éclairer les événements de notre vie tout au long de notre journée, et nous permettre de garder le cap, en prenant de la hauteur, de la distance, pour éviter de nous laisser noyer.

Chaque Dimanche, prendre du temps pour Dieu, c’est aussi prendre du temps pour nous. Là aussi, il s’agit de remettre les choses à leur place. Lorsque Dieu est premier servi, tout le reste s’organise par rapport à Lui, et nous en premier  ! Bien des personnes semblent courir après le temps, même pendant leur temps de repos, même pendant leurs vacances. Après quoi courent-ils  ? Je ne suis pas sûr qu’ils le sachent eux-mêmes. Prendre le temps de s’arrêter, d’écouter, d’aimer : c’est ce à quoi Notre Seigneur nous invite chaque Dimanche.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades