Un acte de pur amour

24 octobre 2020

L’amour, aimer ! Voilà des mots qui sont bien souvent utilisés et qui reviennent fréquemment pour exprimer un idéal ou le bonheur. Pour autant, ils sont tellement évidents qu’il nous est parfois difficile d’en donner une définition ! Je constate cela en particulier avec les fiancés : il est évident pour eux qu’ils se marient par amour et pour aimer, mais lorsqu’on leur demande ce que cela veut dire concrètement, les mots pour l’exprimer viennent moins facilement.

Il y a bien des façons de manifester, d’exprimer, de montrer et prouver son amour. Un geste, une action ou une aide peuvent concrètement le traduire. Les mots sont nécessaires pour le dire, même si étonnamment cela peut paraître pas si évident de dire « je t’aime ». Au-delà de ce qui peut être fait concrètement, une manière d’être, une attitude, une disposition, comme un sourire, un regard, un geste de tendresse ou d’affection, en disent bien souvent plus que ne le feraient de longs discours. Cela peut aussi se manifester par un signe, un cadeau : du temps donné, une fleur, un cadeau, une visite, un coup de téléphone, un courrier... En tout cela, en chacun de ces gestes, il y a quelque chose de visible, de tangible qui nous est donné à percevoir, et notre cœur, comme dans la foi, y reconnaît l’amour.

Au-delà de tous ces gestes, il en est un qui est un acte d’amour pur : la prière ! La prière d’oraison, en particulier, par laquelle on se tient en silence devant Dieu. Ce silence ne consiste pas à faire le vide, au contraire, mais à laisser son cœur non seulement se remplir mais plus encore déborder et brûler d’amour ! La prière est une acte de pur amour, et l’amour pur s’exprimer, se vit, se donne dans la prière d’oraison.

Le bienheureux César de Bus écrivait : « on prie en esprit et vérité quand l’oraison procède du véritable esprit d’amour, sans lequel la prière ne peut s’élever dans le ciel », et poursuivant, comparant la prière à l’encens qui a besoin d’un charbon ardent pour devenir une fumée d’agréable odeur qui monte vers le ciel, il écrivait : « notre oraison n’entrera pas vers Dieu en odeur de douceur agréable qu’elle n’ait passé par la fournaise de la charité ».

Dans la prière d’oraison, nous sommes deux à oeuvrer, Dieu et nous. Dieu peut donner en un instant son amour, mais il nous faut parfois plus de temps pour disposer notre cœur non seulement à accueillir ce don, mais aussi à y répondre en toute pureté, pour laisser notre cœur s’enflammer.

La prière d’oraison est une respiration de l’âme et du cœur nécessaire et possible pour chacun d’entre-nous, quel que soit le temps que nous y consacrons, l’activité que nous exerçons, les capacités physiques, intellectuelles ou spirituelles que nous avons, ou encore les lieux que nous fréquentons.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades