Serviteur, frère et ami

20 mai 2017

Comment pourrions-nous décrire et comprendre notre relation à Dieu  ? Évidemment nos mots semblent tellement pauvres pour dire toute cette réalité, et cependant, chacun nous aide à la comprendre un peu.

«  Voici la servante du Seigneur  », ce sont les paroles de la Vierge Marie à l’annonce de l’Ange. Comme elle, nous pouvons découvrir que nous sommes serviteurs de Dieu, et cela, c’est commencer par trouver notre place, et laisser à Dieu la sienne dans notre vie. C’est mettre de l’ordre. Comme nous l’enseigne le Seigneur, nous pouvons affirmer «  nous sommes des serviteurs quelconques, ou inutiles  », mais aussi, trouver notre joie précisément dans ce service. Nous reconnaissons ainsi que Dieu est maître, qu’il est à l’origine, à la source. Nous sommes ainsi conduit humblement à tout à recevoir de Lui, à nous mettre à l’écoute de sa parole. C’est un premier degré, une première étape dans notre vie chrétienne, mais qui demeure insuffisante. En effet, nous risquerions de n’être que des esclaves, sans liberté ni dignité si nous en restions là.

Plus que des serviteurs, nous sommes encore, et aussi des frères. Nous sommes d’abord certes des créatures de Dieu, puis par le baptême, nous devenons fils et filles adoptifs de Dieu. Nous devenons enfants de Dieu, «  héritiers du Royaume des Cieux  » par le Christ, en étant associés à lui, plongés dans sa mort et sa résurrection. Nous sommes frères du Christ, fils d’un même Père. Sans doute, comme le fils prodigue, nous pourrions dire «  je ne mérite pas d’être appelé ton fils  », cependant, la dignité de fils et de fille ne se mérite pas. Même le plus indigne demeure fils ou fille de ses parents. Découvrir cela, c’est percevoir et entrer dans l’immensité infinie de la miséricorde de Dieu pour chacun d’entre-nous. Cette conviction nous rend fort, et nous donne une véritable espérance, en particulier contre le mal et les épreuves. C’est ainsi que nous serons poussés à correspondre et à répondre au don immense de sa miséricorde non seulement envers Dieu, mais aussi dans cet amour vécu les uns avec les autres. Si nous en restions là, toutefois, nous pourrions penser que cela est un acquis définitif, un souvenir ou un héritage de famille qui ne demande rien d’autre, comme si c’était un dû.

«  Je ne vous appelle plus serviteur, dit le Seigneur, je vous appelle mes amis  ». Découvrir que nous sommes amis de Dieu, c’est découvrir que pour lui, chacun de nous est unique, et l’objet d’un amour gratuit et inconditionnel, qui prend en compte aussi bien nos forces que nos faiblesses. C’est comprendre que nous ne sommes jamais seuls, que cet amour est toujours là, malgré le temps, malgré la distance, malgré les épreuves voire les blessures. Cette amitié fait naître en nous le désir de proclamer, de dire, de manifester notre propre amitié dans tout ce que nous sommes, dans tout ce que nous vivons, dans tout ce que nous faisons. Nous découvrons alors aussi ce que peut être vraiment la prière. Plus qu’un service qui serait dû, plus qu’une reconnaissance normale, elle est ce temps que nous prenons non seulement pour aimer notre ami, mais aussi pour le laisser nous manifester le sien. Peu importe les mots, les paroles, le temps que nous prenons : tout peut contribuer à exprimer et vivre cette amitié.

Serviteur, frère et ami de Dieu. Nous ne pouvons être seulement l’un ou l’autre, nous avons à être serviteur, frère et ami en toute chose, et en toute circonstance. Découvrir et comprendre qui est Dieu ne se trouve pas dans les livres, mais dans une vie de serviteur, de frère et d’ami où se dévoile Celui que nous servons, Celui qui est notre frère, Celui qui est notre ami.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades