Par ce signe, tu vaincras !

11 septembre 2020

L’histoire rapporte que l’empereur Constantin vit dans le ciel le signe de la Croix et qu’il entendit une voix disant : « in hoc signo, vinces », par ce signe, tu vaincras ! Ce fut la marque de sa conversion personnelle à la foi chrétienne qui a changé durablement l’histoire de l’occident. En ce lundi 14 septembre, vous célébrerons précisément la Croix Glorieuse. Or, que la croix fût un signe glorieux de victoire n’était pas une chose évidente.

La croix, c’est tout d’abord un instrument de torture et de condamnation, utilisée pour faire subir la peine capitale aux criminels et aux esclaves ! La croix, comme instrument de supplice, ajoute encore à l’humiliation de la condamnation. Les premiers en avoir pris conscience, ce sont les disciples mêmes du Seigneur Jésus. Cette condamnation semble avoir éteint un moment leur ferveur, leurs convictions, leur espérance. Ils ont vu l’humiliation publique du Seigneur par ces foules qui l’avaient acclamé quelques jours auparavant, ils ont vu sa souffrance, ils ont vu les outrages, les tortures, les humiliations, le sang versé, ils l’ont entendu exprimer sa souffrance, ils l’ont vu mourir. Ils l’ont abandonné.

Et cependant, avec la résurrection du Seigneur Jésus, cet instrument de condamnation à mort, d’humiliation devient un signe de victoire, sur la mort, bien sûr, mais aussi sur l’idéologie et la haine des hommes. Plus encore, elle devient un signe de cet amour selon lequel il n’est en de plus grand que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ! Là, l’amour prend le pas sur la haine et la souffrance, qui semblent s’effacer pour ne plus laisser apparaître que la puissance de l’amour plus fort que la mort, plus fort que la haine. De manière significative, c’est aux marques des clous dans les mains et le côté que le Seigneur Jésus ressuscité se fait - entre-autres - reconnaître à ses disciples, comme si ces marques avaient changé son être, comme si ce qu’il est se manifestait d’une manière particulière dans ces blessures : « à cela tous reconnaîtrons que vous êtes mes disciples, à l’amour que vous aurez les uns pour les autres ».

Tout au long de l’histoire, elle garde la même force, au point de devenir familière, dans nos pays marqués, nourris, éduqués dans la foi. Elle orne nos monuments – nos églises bien sûr, mais pas uniquement -, elle est présente aux carrefours de nos routes, elle marque notre peine et notre espérance dans les cimetières, elle est un signe de secours et de charité pour les pharmacies et certaines associations, elle est devenue un bijou qui plus qu’une simple décoration montre une espérance. Plus qu’une simple marque d’appartenance religieuse, elle représente notre humanité qui refuse de se laisser abattre par la haine, la souffrance, la mort, forte et affermie par la victoire de Notre Seigneur sur la mort.

Je me souviens que dans ma jeunesse, un soir où j’allais avec des amis en boite-de-nuit en voiture, en passant devant un calvaire, l’un d’eux fit un signe de croix. Plus de trente ans après, je m’en souviens encore. Je ne crois pas qu’il soit aujourd’hui particulièrement pratiquant, mais ce geste, il l’a fait, avec simplicité, avec conviction, avec ferveur. Cela a marqué le jeune homme incrédule que j’étais. J’ai été touché par la sincérité simple et profonde de son geste. Je constate la même ferveur simple, humaine et profonde en bien des circonstances avec les personnes que je rencontre. Et cependant, je suis étonné de voir à quel point, aujourd’hui encore, malgré tout, la croix suscite de haines : n’est-elle pas supprimé de certaines marques, pour des raisons commerciales ? N’est -elle pas supprimée de logos de clubs sportifs qui lui doivent leur existence ou leur identité pour faire plaisir aux sponsors étrangers ? N’est-elle pas abattue, profanée, détruite par des faibles et des lâches qui n’ont de respect ni pour leurs ancêtres, ni pour les hommes, ni pour l’art, et qui pensent exprimer leurs convictions ?

Tout cela ne doit pas nous abattre, comme cela n’a pas abattu Notre Seigneur, mais au contraire affermir et renouveler notre foi. La prophétie qui fut faite à l’empereur Constantin, nous est aussi adressée. Constantin ne se contenta pas de ce signe, mais sut agir en conséquence. Puissions-nous en faire autant.

 

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades