Ne me cache pas ton visage !

17 mars 2018

«  Ne me cache pas ton visage, je serais de ceux qui tombent dans la fosse  » chante le psaume 142, que nous avions pour la prière de Laudes jeudi dernier. Ces paroles ont attiré mon attention et saisi mon cœur.

Le psalmiste reconnaît par là toute sa fragilité, sa faiblesse, sa vulnérabilité. C’est un réalisme sans pessimisme. Ce n’est en effet pas être pessimiste que d’être réaliste, de connaître ses faiblesses. Au contraire, c’est du bon sens, et par suite se donner les moyens de se prémunir contre les dangers, les obstacles et les blessures.

C’est un appel plein de confiance, d’espérance, de tendresse. Le psalmiste ne se lamente pas sur son péché  ; il ne cherche ni à l’excuser, ni à l’ignorer. Il exprime sa confiance en Dieu, il veut voir sa face. Chercher la face de Dieu - comme le fit, selon la tradition, sainte Véronique - voilà ce qui doit être le moteur de notre vie et de notre foi. Lorsque nous prions, lorsque nous prenons part au sacrifice de la messe, lorsque nous laissons notre cœur déborder de charité, c’est le visage du Christ que nous cherchons. Même lorsque nous faisons pénitence, lorsque nous voulons être délivrés du péché, ce qui doit nous motiver, nous enflammer, c’est la joie de voir le visage du Christ. Oui, la pénitence est un acte de joie, comme celle qui nous illumine lorsque nous allons revoir quelqu’un que nous n’avions pas croisé depuis longtemps.

Et en effet, ce qui peut nous cacher le visage du Christ, le visage de Dieu, c’est d’abord le péché qui obscurcit et voile notre cœur et notre propre regard. Si nous avons parfois l’impression que Dieu nous cache son visage, c’est bien souvent parce que nous détournons notre regard vers d’autres réalités qui n’en valent pas la peine, qui donnent l’illusion du bien.

Voir le visage du Christ, c’est avant tout le laisser nous regarder, d’un regard plein d’amour et de tendresse. Et d’une certaine manière, lorsque nous prions, lorsque nous adorons le Seigneur dans l’Eucharistie, avant tout, nous le laissons, Lui, nous regarder. D’une manière éminente, dans le sacrement de la réconciliation et de la miséricorde, nous nous mettons sous son regard. C’est ce regard d’amour, de tendresse, sans jugement ni condamnation, qui nous relève, nous guérit et nous libère. C’est ce cœur-à-coeur qui enflamme notre cœur, pour nous donner la force de l’amour pour surmonter l’épreuve, et en particulier celle du péché.

C’est en cherchant le visage du Christ que nous apprendrons à regarder comme Lui, avec tendresse et miséricorde, qui peut relever celui qui tombe.

abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades