La force du silence

18 décembre 2017

Le Cardinal SARAH nous a invités à une véritable méditation spirituelle sur le Silence. Il y a une véritable urgence de retrouver le sens de Dieu. Or le père ne se laisse approcher que dans le silence. Nous sommes victimes de la superficialité, de l’égoïsme et de l’esprit mondain que répand notre société médiatique.
La conquête du silence est un combat et une ascèse. Oui il faut du courage pour se libérer de tout ce qui alourdit notre vie qui n’aime rien tant que les apparences et la facilité. Le bavard ne peut qu’être loin de Dieu, incapable de toute activité spirituelle profonde. Au contraire, le silencieux est un homme libre, les chaines du monde n’ont pas de prises sur lui. Aucune dictature ne peut rien contre l’homme silencieux, rien ne peut voler son silence à un homme.
Dieu est silence, le diable, lui, est bruyant. Depuis toujours, Satan cherche, à masquer ses mensonges sous une agitation trompeuse et sonore. Le bruit est devenu une drogue qui nous rend incapables de se regarder en face, de se confronter au vide intérieur. Le réveil ne peut être que brutal. Que deviendra le monde s’il ne peut trouver des oasis de silence  ?

Le cardinal Sarah nous fait entrer dans le mystère très profond du silence de Dieu, notamment face aux drames paroxystiques du mal.
Dieu ne veut pas le mal. Pourtant il reste étonnamment silencieux devant nos épreuves. Il est pourtant intensément présent dans nos souffrances. Sa force est silencieuse parce qu’elle révèle son infinie délicatesse, sa tendresse aimante pour ceux qui souffrent. Les manifestations extérieures ne sont pas forcément les meilleures preuves de proximité. Le silence révèle la compassion. Et plus le mal est monstrueux, plus il apparait que Dieu en nous est la première victime. La victoire du Christ sur la mort et le péché, se consomme dans le grand silence de la croix. Dieu manifeste sa toute puissance dans ce silence qu’aucune barbarie ne pourra jamais souillée. La prière silencieuse est le dernier trésor de ceux qui n’ont plus rien, c’est la dernière tranchée où nul ne peut entrer, le lieu où la souffrance baisse les armes. Il est impossible d’entrer par effraction dans le silence, le cœur, la conscience d’un homme qui se blottit en Dieu.

Le cardinal Sarah évoque le rôle du silence dans notre liturgie.
Refuser ce silence empli de crainte confiante et d’adoration, c’est refuser à Dieu la liberté de nous saisir par son amour et sa présence. Le silence nous apprend une grande règle de la vie spirituelle : la familiarité, au contraire, la juste distance est une condition de la communion. C’est par l’adoration que l’humanité marche vers l’amour. Le silence sacré est une loi cardinale de toute célébration liturgique. Il est le moyen privilégié pour favoriser la participation du peuple de Dieu à la liturgie.
Tant que nous aborderons la liturgie avec un cœur bruyant, elle aura un air superficiel et humain. Le silence liturgique est une disposition radicale et essentielle, il est une conversion du cœur.
Il ne faut pas opposer une liturgie à une autre, ou le rite de Saint Pie V à celui du bienheureux Paul VI. Il s’agit d’entrer de se laisser enrichir par toutes les formes liturgiques en entrant dans le grand silence liturgique. Sans esprit contemplatif, la liturgie demeurera une occasion d’affrontements idéologiques, alors qu’elle devrait être le lieu de notre unité et de notre communion dans le Seigneur

Le cardinal Sarah nous partage ce qu’il a ressenti lors de son séjour à la Grande Chartreuse.
La Grande Chartreuse est la maison de Dieu, tout y est pour rencontrer Dieu : la beauté de la nature, l’austérité des lieux, le silence, la solitude et la liturgie. Prier la nuit a été profondément impressionnant : l’obscurité était pure, le silence portait une présence, celle de Dieu. La nuit est maternelle, délicieuse, et purificatrice. C’est une fontaine dont nous sortons lavés, pacifiés, et plus intimement liés au Christ..

Guy et Chantal Hoareau