Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? (cf. Luc 9, 18-22)

5 octobre 2019

Chaque fois que je lis ce passage de l’Evangile où notre Seigneur conduit ses disciples à proclamer leur foi, je demeure saisi d’en découvir inlassablement la profondeur et la justesse.

Notre Seigneur commence par leur demander : « au dire des gens, qui suis-je ? ». Les disciples répondent alors facilement et rapidement, presque sans réfléchir : Jean-Baptiste, Elie, un prophète qui serait ressuscité ! Les opinions ne manquent pas, aujourd’hui encore, sur le Seigneur Jésus. Chacun peut y aller de la sienne, chacun exprime son opinion ou son idéologie, prêt à tordre la réalité à son idée plutôt que de se remettre en cause ses certitudes. Il est si facile de se fabriquer une image des autres et de Dieu, et de les y enfermer, de nous y enfermer jusqu’à l’aveuglement !

Et le Seigneur d’ajouter : « et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? ». Il leur permet ainsi de ne pas rester enfermés. Dans la foi chrétienne, la réponse personnelle que nous apportons est essentielle. Bien sûr, elle s’enracine dans une tradition, elle ne sort pas de nulle-part, de la fantaisie ou des états-d’âme d’un moment. A la fois, cette réponse est collective, c’est-à-dire qu’elle est celle de toute l’Eglise, héritage de la foi de toute la communauté des baptisés, des fidèles du Christ, et à la fois, elle est aussi une réponse personnelle, individuelle. Il ne s’agit pas d’une réponse intellectuelle, de connaissance ou de savoir, mais d’une réponse personnelle, individuelle et intime au Seigneur Jésus lui-même, en personne.

Pierre prend la parole et répond : « le Christ, le Messie de Dieu ». Sa réponse comporte ces deux aspects. Elle est enracinée dans la foi et l’espérance d’Israël, du Peuple de Dieu, enracinée dans les promesses de Dieu. Il connaît la parole de Dieu, il connait ses promesses, l’espérance de toute un peuple est aussi la sienne. Ensuite, en répondant personnellement, il reconnaît en la personne même de Jésus que ces promesses sont accomplies. Il ne dit pas seulement « je crois », il dit « je crois en toi, je reconnais en toi celui que j’espère ».

Et le Seigneur Jésus de poursuivre : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. ». Pour être juste, pour être réelle, pour être authentique, notre réponse doit passer par l’épreuve : celle de la souffrance, du rejet, y compris par les plus grand de ce monde, par la mort et son scandale. Notre foi chrétienne n’est ni une légende, ni un conte de fées. Notre espérance est réaliste, elle touche et concerne toute notre vie, notre foi n’est pas un moyen de fuir notre vie, mais au contraire de la prendre au sérieux. Ce passage par la souffrance, le rejet et la mort nous permet de purifier notre foi et de l’affermir, quels que soient les obstacles et les oppositions. Et les combats ne manquent pas, aujourd’hui encore, par lesquels notre foi peut devenir toujours plus forte en appelant de notre part une réponse personnelle de tout notre être et de toute notre vie.

Dans sa réponse, Notre Seigneur fait une part importante à la Résurrection. Sans elle, tout est vain, ainsi que l’affirme saint Paul « si le Christ n’est pas ressuscité, ma foi est vaine ». Cette résurrection doit être le fondement de notre foi, le cœur vivant de notre charité, le gage de notre espérance. C’est pour cela que la messe du dimanche, le jour de la Résurrection du Seigneur, est un rendez-vous essentiel, et non pas une simple option dans la vie chrétienne. Dans cette messe du dimanche, notre présence seule est déjà une réponse personnelle et intime à la question du Seigneur.

abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades