Eloge du bon-sens

26 octobre 2019

S’adressant aux foules, Notre Seigneur les traite d’hypocrites. En effet « Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera une chaleur torride, et cela arrive. Hypocrites ! Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? ». C’est du bon-sens !

Le bon-sens nous rend attentif à la réalité, aux événements du quotidien, aux rencontres, aux personnes. Nous savons reconnaître les signes qui annoncent la pluie, et en conséquence nous prenons les dispositions nécessaires ; nous savons tirer des évènements de leçons pour ne pas reproduire des erreurs ou poursuivre les bonnes choses ; nous sommes attentifs aux personnes et nous sommes capables d’adapter notre attitude, nos gestes et nos paroles pour répondre au plus juste aux besoins, à la réalité, aux situations.

Ce bon-sens est un aspect même de ce que nous sommes, comme créatures et enfants de Dieu, essentiel à notre vie et notre foi chrétienne. Ce bon-sens est une manière même de proclamer notre foi et de la vivre, dans le quotidien de nos vies, pour juger par nous-mêmes ce qui est juste. Nous croyons en un Dieu créateur dont la création est le reflet, nous croyons en un Dieu Sauveur qui s’est fait homme, a pris chair de notre chair, lui donnant ainsi une splendeur nouvelle.

Mais précisément, trop souvent, nous manquons de bon-sens dans notre vie et notre foi chrétienne. Pire encore, il me semble que trop souvent nous délaissons et abandonnons ce bon-sens dès qu’il s’agit de vivre et proclamer notre foi. Qui pourrait imaginer que la prière ne demande pas de temps ? Qui pourrait penser que notre foi ne demande pas à être connue, nourrie et approfondie ? Qui oserait prétendre que la fidélité à la messe est n’a pas de conséquence sur notre vie et notre foi ? Qui penserait qu’une foi qui ne porte pas des fruits en acte et en vérité est réelle et authentique, vivante ?

Cet appel au bon-sens, par notre Seigneur, est une exhortation à prendre nos responsabilités à vivre notre foi en vérité : « Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? »

abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades