Que nous manque-t’il pour être de véritables disciples ?

12 septembre 2017

En relisant l’épisode de la pêche miraculeuse, plusieurs points ont attiré mon attention.

Les apôtres avaient passé la nuit à pêcher, sans rien prendre. Le Seigneur Jésus les ayant rejoint, dit à Pierre : «  avance au large, et jetez les filets  ». Pierre connaît bien Jésus, il l’apprécie, il a confiance en lui. C’est pour cela qu’il lui répond «  sur ta parole, nous allons jeter les filets  ». Toutefois, sa réponse est sans espérance. Il n’imagine même pas qu’il puisse prendre un seul poisson. Ils connaissent leur métier, ils ont déployé toutes leurs ressources et leur énergie toute la nuit, en vain. Qu’est-ce qu’un simple charpentier connaît de tout cela  ? Nous sommes, nous aussi, bien souvent comme Pierre. Nous connaissons le Seigneur Jésus, nous le cotoyons, il partage les moments importants de nos vies, nous lui faisons confiance... jusqu’à un certain point  ! En ce qui concerne la transmission de la foi, en particulier, nous avons l’impression d’avoir fait tout ce qui était en notre pouvoir, à notre portée, selon nos vues humaines et prétendues raisonnables. Toutefois, bien souvent, dans notre entourage, voire dans notre famille, nous avons l’impression que notre «  travail  » a peu porté de fruit  ! Comme Pierre, nous continuons à jeter les filets, mais finalement, sans conviction, sans espoir.

Ayant jeté les filets, leur prise dépasse tout ce qu’on peut imaginer, et ils ont besoin d’aide pour retirer les filets. Mais ce qui est le plus intéressant, c’est l’attitude et la réaction de Pierre : «  À cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur.  ». Sa première réaction est de tomber à genoux, et ensuite de se reconnaître pécheur. Pierre passe d’une attitude de bienveillance confiance, à un acte de foi qui le bouleverse au plus profond de son être.

En se mettant à genoux, Pierre n’adopte pas simplement une attitude d’humilité, mais une attitude d’adoration. Il reconnaît que Dieu est présent, il le reconnaît à l’oeuvre, ici et maintenant. Son attitude n’est pas simplement intellectuelle, comme lorsqu’il répondait au Seigneur Jésus auparavant, elle est un acte de foi, en acte et en vérité. Ensuite, il se reconnaît pécheur, il reconnaît que son péché l’éloigne du Seigneur, lui voile le regard, l’empêche d’accueillir la grâce que Dieu lui donne. Se reconnaître pécheur, ce n’est pas simplement reconnaître des fautes, mais comprendre, finalement, que Dieu se fait proche de nous, qu’il nous aime et que nous ne sommes jamais prêts ou à la hauteur du don qu’il nous fait. Se reconnaître pécheur, c’est le moyen de se préparer à accueillir cette grâce.

C’est assurément cela qui nous manque souvent, cet esprit d’adoration et de pénitence. Ce n’est peut-être pas un hasard si nos initiatives missionnaires et d’annonce de l’Evangile semblent porter si peu de fruit depuis quelques années, précisément depuis que nous avons mis de côté, négligé, voire méprisé à la fois l’adoration et la confession. Nous demeurons droits, debouts, dans notre cœur et dans notre corps, un peu comme des spectateurs de la foi, là où le Seigneur nous demande d’y prendre part de tout notre être. «  Sois, sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras  », conclue le Seigneur, et laissant tout, ils le suivirent  ! 

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades