Adorer en esprit et en vérité

16 septembre 2017

Nous évoquions, la semaine dernière, ce qui fait un véritable disciple : l’esprit d’adoration, et vivre la miséricorde. Dans l’Evangile de Saint-Jean, Notre Seigneur affirme «  l’heure vient – et c’est maintenant – où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car tels sont les adorateurs que cherche le Père  ».

La véritable adoration en esprit et en vérité s’oppose à une fausse adoration qui ne serait que superficielle et mensongère, c’est-à-dire une adoration extérieure qui ne correspondrait pas à une véritable attitude intérieure. Il ne suffit pas se mettre à genoux, évidemment, pour adorer, même si l’agenouillement peut être non seulement un signe d’une véritable adoration, mais peut aussi aider à adorer en esprit et en vérité. Il ne suffit pas de dire qu’il n’y a pas besoin de s’agenouiller pour adorer, si notre cœur, lui, demeure debout, camper dans son orgueil, ses certitudes, sa suffisance.

Adorer, littéralement et étymologiquement, c’est adresser une prière à Dieu. La prière ne se limite ni à des gestes, ni à des paroles. L’adoration suppose une connaissance de Celui auquel on s’adresse, une confiance, et pour tout dire, un amour de celui-ci. La première condition pour adorer en esprit et en vérité, c’est de connaître et d’aimer celui auquel on s’adresse. Cet aspect est essentiel dans notre foi chrétienne, comme le Seigneur nous l’affirme : «  je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître  ; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître  » (cf. Jn 15, 15). La prise de conscience de cette rencontre personnelle, unique, individuelle et intime avec notre Dieu est vitale. C’est l’histoire même de tout le Peuple de Dieu, à travers heurs et malheurs : il s’agit de découvrir que Dieu nous aime et nous connaît chacun personnellement et individuellement. C’est cela qui touche le cœur de saint Pierre, tel que nous l’évoquions la semaine dernière.

L’adoration, comme la prière dont elle est la substance, est un acte d’amour, un acte par lequel on aime et on est aimé. Or pour cela, s’il ne faut pas d’humiliation, il faut de l’humilité. L’humiliation nous fait nous mépriser nous-mêmes, au point d’ignorer ce que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts, et finalement, elle nous enferme en nous-mêmes, comme dans une prison. L’humilité, tout au contraire, parce qu’elle nous fait prendre notre place devant Dieu, sous son regard, à la lumière de son amour, nous fait sortir de nous-mêmes pour nous fait prendre conscience de nos défauts, sans nous en affliger ou leur donner plus de place qu’ils n’ont, et nous permet de découvrir nos qualités, sans orgueil ni vanité.

Se mettre à genoux, c’est dire «  je t’aime  » avec des paroles et avec son cœur, et c’est le vivre et le manifester dans tout son être. Lorsque nous prions dans le secret de notre chambre, lorsque nous entrons dans une église, avant la messe, pendant la messe, au moment de la consécration : ce geste nous permet de nous aider à nous recueillir. Se recueillir ce n’est pas faire le vide, mais au contraire, faire le plein  ! Il s’agit de laisser à Dieu dans notre cœur, non pas simplement une place, mais sa place. Et lorsque Dieu a sa place dans notre cœur, alors chacun de nous peut prendre conscience que nous sommes dans le cœur de Dieu, et nous ne perdons rien.

Il n’est pas inutile de prendre du temps pour adorer, pour aimer. Chaque mois, une heure d’adoration du Saint-Sacrement nous est proposée pour nous aider à cette esprit d’adoration, en plaçant devant nos yeux Celui qui se donne à nous par amour : «  il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime  ».

Pour ma part, je sais combien l’adoration du saint-Sacrement a été et demeure, un point essentiel de ma vie de chrétien et de prêtre. C’est auprès des religieuses sacramentines de Bollène que j’ai appris cette adoration, avec le témoignage des bienheureuses martyres d’Orange. Je nous encourage et nous engage à prendre cette adoration au sérieux pour renouveler et affemir notre foi.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades