Mener le bon combat

17 octobre 2020

Nous sommes tous, évidemment, touchés par l’horreur de l’annonce de l’exécution odieuse de ce professeur d’histoire. Sans doute la République est-elle atteinte, comme la liberté d’expression, mais c’est trop peu dire. En effet, si cet acte odieux est politique, il est aussi l’acte religieux d’un homme qui prétend par là défendre ses croyances. C’est dire aussi que la réponse ne peut être que politique, et encore moins se limiter à des déclarations ou à des incantations républicaines.

 Parmi les incantations entendues, il a celles qui déclarent qu’il ne faut pas se limiter à des mots, mais qu’il faut agir. Agir ? Mais comment ? Il serait si simple de prendre les mêmes armes, les mêmes moyens barbares pour répondre à la barbarie. Pour autant, que pourrions-nous y gagner, si ce n’est une escalade dans l’injustice et la violence par des paroles et par des actes ? Ne rien dire et ne rien faire ne serait pas mieux. Dans les deux cas, ce serait laisser la victoire à l’ennemi, qui soit nous entrainerait dans sa folie, soit nous ferait taire par elle. Dans les deux cas, c’est la peur qui nous guiderait.

 On ne fait pas disparaître les ténèbres et l’obscurité en l’éliminant, mais en laissant jaillir la lumière. Alors, d’elles-mêmes, les ténèbres se dissipent ! Si la barbarie, la violence, l’intolérance ont pris la place, ne serait-ce pas aussi parce que nous lui avons laissé le champs libre, parce que nous avons laissé s’étioler et s’éteindre la lumière ?

 Saint Paul, s’adressant aux chrétiens d’Ephèse, les exhorte en disant : « Qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles, et quelle puissance incomparable il déploie pour nous, les croyants ». Il s’agit pour nous de le « connaître vraiment », selon l’expression de saint Paul.

 Pour beaucoup trop de chrétiens, le Christ n’est qu’une personne que l’on connait de vue, ou parce qu’on en a entendu parler. On ne s’engage pas pour une connaissance, mais on peut donner sa vie pour un ami ! La première action que nous pouvons concrètement mener, c’est d’une part de prendre notre foi au sérieux, de nous engager à connaître et à aimer le Christ, d’agir en conséquence de notre foi, selon la puissance incomparable qu’Il déploie pour nous, d’occuper la place en portant la lumière par nos paroles, et nos actes et ainsi dissiper les ténèbres.

 Cela commence par la place que nous laissons à Dieu dans la prière chaque jour, cela se manifeste dans notre fidélité à la célébration publique du culte, notamment dans la célébration de la messe dominicale. Par là, notre foi et notre vie sont nourries et affermies, par là, nous sommes libérés du péché et de la peur, par là, nous découvrons et apprenons à connaître, à aimer le Christ notre Dieu et à vivre en sa présence.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades