Les trois degrés de la conversion

20 février 2021

En méditant sur le Trait (acclamation avant l’Evangile pendant le Carême) de la messe des Cendres, tiré du psaume 102, verset 10 et du psaume 78, versets 8 et 9, et en discutant avec un ami, il m’est venu que cette pièce donnait comme trois degrés de la conversion.

Dans un premier degré, le pénitent, dans la foi, se présente avec détermination et volontairement. Il manifeste son désir de conversion, plus que cela, peut être avec un peu d’orgueil ou de vanité, il prétend pouvoir parvenir seul à vaincre ses faiblesses et son péché. Bien souvent - sinon à chaque fois - nous faisons douloureusement l’expérience de notre échec dans cette entreprise. Notre faiblesse et notre péché semblent avoir le dernier mot et être victorieux. Nous pourrions, par suite, en rester abattus et vaincus.

Ainsi s’ouvre la possibilité d’un deuxième degré. Dans une véritable espérance - c’est-à-dire cette conviction que le mal ne peut avoir le dernier mot, et que la miséricorde de Dieu est plus forte - le pénitent demande à Dieu son aide. En effet, dans le combat contre le péché, nous prenons conscience que nous ne le pouvons mener seuls, et que nous avons besoin de le grâce de Dieu. Mais d’une certaine manière, nous risquons encore de garder la main, et de ne compter sur la grâce qu’accessoirement. Nous sommes encore marqués par l’orgueil et la vanité, une forme de suffisance que nous conduit à vouloir réussir et vaincre seuls. Nous faisons encore l’expérience que le mal peut avoir le dernier mot. Serait-ce que la grâce de Dieu est impuissante à vaincre le péché et le mal ? Ou bien, est-ce qu’il y a encore trop de nous-mêmes, qui fait obstacle à l’oeuvre de la grâce ?

Le troisième degré de la conversion, dans la charité et l’amour, est celui qui nous conduit à nous abandonner complètement à l’oeuvre de la grâce et à laisser Dieu agir, en consentant complément et dans l’amour à son œuvre, comme un enfant. Ce n’est plus moi qui agit avec l’aide de la grâce, c’est la grâce de Dieu qui fait son œuvre avec moi. Selon les belles paroles de saint Paul « ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ».

Au fond, nous avons avec cela, tout un programme pour le Carême, qui doit nous conduire à cette union et connaissance parfaite de Dieu par la grâce. Le but du Carême n’est pas d’accomplir un exploit, mais de laisser toujours sa place à Dieu dans notre vie.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades