La pharmacie du Bon Dieu

4 avril 2020

« En instituant le sacrement de pénitence, le Bon Dieu n’a pas voulu établir un sacrement qui fût agréable à la nature, autant pour le pénitent qui s’accuse que pour le prêtre qui entend les accusations. Tous les deux à cet endroit-là ont à faire une pénitence, une mortification, plus encore peut-être le prêtre que le pénitent. Car comme l’a dit avec raison saint François de Sales, s’il est douloureux de confesser Dieu devant les hommes, il est encore plus dur de confesser les hommes devant Dieu. Non, le Maître divin en instituant ce sacrement, n’a pas voulu faire un cadeau agréable au corps ; il a voulu plutôt et directement accorder à l’âme chrétienne un grand moyen de salut, à la fois rapide, facile et concluant. Si par exemple le Bon Dieu avait voulu que nous nous confessions à lui ; comme le Bon Dieu ne parle pas, comment aurions-nous su que le pardon était accordé ? Si le Bon Dieu avait voulu que nous nous confessions à un ange, il est probable que nous aurions davantage tremblé devant ceux qui sont si saints. Qui nous dit d’ailleurs que le diable ne se serait pas déguise en bon ange pour nous tromper ? Le bon Dieu a voulu que le confesseur fût un homme, sujet à toutes les misères humaines, un homme que l’on voit, que l’on peut appeler au moment nécessaire et qui par un geste visible de sa main, une parole sensible de ses lèvres donne la paix au cœur et le pardon à la conscience. Le Bon Dieu a donc bien fait ce qu’il a fait. Usez fréquemment de ce sacrement […]. Je crois pouvoir appeler le confessionnal : la pharmacie du Bon Dieu. Là sont tous les remèdes, là sont tous les saluts, là sont tous les élexirs, tous les sirops, toutes les compositions dont l’âme a besoin et que le prêtre, au nom du Bon Dieu applique en les dosant, selon la formule prescrite. N’ayez donc pas peur d’y recourir. Les Saints y sont allés et ont trouvé là le secret d’une vertu plus sublime. Allez-y vous-mêmes pour votre bien et votre sanctification. Beaucoup de personnes prétendent n’avoir pas besoin de se confesser, parce que, disent-elles, elles ne commettent point de péchés. En fait de personnes qui ne commettent point de péchés, je n’en connais que deux genres : les fous et les idiots ; les premiers parce qu’ils ont perdu la raison ; les seconds parce qu’ils ne l’ont pas encore. En dehors de ces deux catégories toute créature humaine offense Dieu, et partant a besoin de se confesser. »