A l’envers...

16 mai 2020

Il me semblait avoir compris des déclarations d’un certain nombre de personnes que le « monde d’après » ne devait plus être comme celui d’avant. Or j’ai l’impression - selon l’expression familière - « qu’on nous l’a fait à l’envers » !

Ces mois de confinement ont été éprouvants et continuent à l’être, notamment pour les personnes les plus fragiles, isolées, malades ou âgées. Beaucoup ont eu besoin de prendre l’air, de prendre du large, de voir du monde, beaucoup étaient sous pression. Sans doute la situation, inédite, n’a pas rendu aisées les décisions à prendre. Bien sûr, il fallait, pour le bien de tous, que l’activité économique reprît. Le résultat est que, déjà, avec l’annonce de la fin du confinement, on a pu voir des situations et des attitudes qui montraient un réel relâchement, malgré le fait que la fin du confinement ne signifiait pas la fin de la menace épidémique.

Aussi, la reprise de la plupart des activités économiques a correspondu avec la fin de cette pression, et pour beaucoup, cette même activité économique a été le moyen de décompresser. Cela a rendu d’autant plus insupportable la situation pour ceux qui ne pouvaient reprendre leur activité normale : bars et restaurants, arts et spectacles, manifestations et activités sportives, vie religieuse.

N’aurait-il pas été plus sage d’assouplir les contraintes liées aux activités qui ne sont peut-être pas nécessaires à l’activité économique, mais qui sont essentielles et vitales au bien être des personnes dans sa dimension affective, physique, morale et bien sûr, spirituelle. L’homme ne se définit pas par ce qu’il a ou par ce qu’il fait et produit, mais par ce qu’il est ! Or, c’est bien l’impératif économique, financier, qui semble avoir été le critère du déconfinement.

Dans nos attentes et nos demandes légitimes de notre foi (celles des chrétiens, certes, mais aussi de toute autre confession), nous avons été ignorés ou négligés, voire certaines déclarations ont manifesté un certain mépris incompréhensible et inacceptable. Et nous voici dans une situation incongrue où il nous est toujours interdit d’avoir des rassemblements religieux de plus de 10 personnes dans des églises vastes où les mesures barrières peuvent être observées facilement, alors même qu’il peut nous être possible de célébrer des messes avec plus de 10 personnes dans des lieux privés ! Au-delà de ce qui pourrait apparaître comme un déni de la liberté de culte, il y a le caractère d’autant plus odieux qu’il semble incompréhensible de mesures incohérentes.

Finalement, rien n’a changé, et on reprend sur les mêmes bases qu’avant. Le monde d’avant reprend ses droits !

 

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades